Nous sommes tous soucieux du devenir de nos enfants et mettons tout en œuvre pour qu'ils
deviennent des adultes épanouis. Alors que la génération de nos parents et surtout de nos grands parents s'élevait seule au contact des frères ainés d'une part et des anciens d'autre part,
aujourd'hui nos enfants sont élevés bien différemment et doivent se construire dans une "société matrice" très complexe, là où avant, les choses étaient simples en apparence et orchestrées par le
groupe familiale, les saisons et le travail.
Notre histoire nationale, la vie moderne, la structure familiale sont autant d'événements qui
ont changé les rapports parents/enfants. Le XXème siècle a dû faire face à une difficile reconstruction, les familles sont éclatées et les parents se trouvent seuls avec leurs enfants, démunis
pour les éduquer, n'ayant plus l'expérience et la proximité des anciens.
En parallèle, ce même XXème siècle fait des avancées spectaculaires dans différents domaines
scientifiques et voit naitre de nouveaux spécialistes autour du berceau :
Il y a ainsi l'enfant biologique du pédiatre, l'enfant des institutions sociales qui
recueillent les orphelins, l'enfant de l'historien et l'enfant symbolique du psychologue et du psychanalyste.
La seconde guerre mondiale a constitué une véritable révolution culturelle pour l'observation
des enfants. Ainsi, Anna Freud s'appuyant sur les travaux de son père, va s'occuper d'enfants altérés recueillis à la nursery d' Hampstead et parvenir à en faire des adultes épanouis malgré leur
histoire individuelle.
De même, Françoise Dolto, née en 1908 et dont nous fêtons cette année le centenaire de sa
naissance et le vingtième anniversaire de sa mort, va nous apporter un autre regard sur l'enfant qu'elle considère avant tout comme une "personne, un être à part entière de
l'humanité".
Françoise Dolto, née Marette est la 4ème enfant d'une fraterie de sept. Elle grandit
dans une famille bourgeoise et chrétienne et est rapidement confrontée à la difficulté de vivre dans une France ravagée par la guerre au sein de cette famille en plein désarroi depuis la mort de
Jacqueline, son unique sœur ainée de 3 ans et la préférée de sa mère.
Françoise Dolto a 12 ans environ et on lui fait savoir que, si l'on avait pu choisir, c'est
elle qui serait morte. Françoise Dolto est également jugée en partie responsable de ce décès : elle n'aurait pas assez prié pour que sa sœur soit sauvée du cancer.
C'est à cette période qu'elle réalise l'importance des effets de l'éducation sur la santé des
enfants, ainsi que les interactions en écho de la souffrance des uns sur les autres. Sa voie est alors tracée : elle veut être "docteur d'éducation". Cette épreuve est aussi l'origine de son
désir de devenir psychanalyste.
Pendant sa jeunesse, Françoise Dolto se heurte à sa mère qui voit l'avenir de sa fille dans le
mariage et non dans les études de médecine. Ne supportant pas l'inactivité, Françoise Dolto apprend la couture, participe à des concours d'affiches avec succès et on lui interdit d'aller plus
loin. Elle se tourne alors vers la faïence et gardera toute sa vie une main d'artiste en produisant sculptures, dessins et aquarelles.
F. DOLTO en dates
En 1929, sa mère l'autorise enfin à suivre des études d'infirmière espérant que cela la
dégoutera de la médecine. Elle attendra que son frère Philippe entreprenne ces mêmes études pour suivre les cours et s'installera comme généraliste et pédiatre le 1er septembre
1939.
Entre temps, de 1934 à 1937, elle effectue un travail de psychanalyse avec René
Laforgue.
En 1938, elle entre à la Société de Psychanalyse de Paris
En 1942, elle épouse Boris Dolto, rhumatologue et ils auront trois enfants
De 1940 à 1978, elle intervient à l'hôpital Trousseau
De 1962 à sa mort, elle intervient au centre Etienne Marcel. Elle pratique aussi au centre
Claude Bernard et à la polyclinique Ney.
En 1946, elle écrit ses premiers articles
En 1967, Françoise Dolto intervient à la radio sur Europe 1 sous le nom de "Docteur X". Cela
dure 2 ans et elle décide d'arrêter car le dialogue est continuellement haché par les conditions du direct et par la publicité !
C'est en 1976 qu'elle accepte de nouveau une émission sur France Inter "lorsque l'enfant
parait". Cette émission bénéficie d'emblée d'un immense succès et c'est aussi par ce biais qu'arrive la notoriété de Françoise Dolto.
En 1979 elle fonde la "Maison verte". Il s'agit d'un lieu de socialisation qui accueille les
enfants de 0 à ¾ ans, accompagnés d'un ou deux parents, ou des grands parents. L'équipe d'une Maison verte est composée de 3 personnes dont un psychanalyste. C'est un endroit où on parle, où on
joue, où on dédramatise. On y apprend aussi les interdits structurants.
F. DOLTO en apports
Ce qui intrigue chez Françoise Dolto et ce qui est fondamental dans sa pratique de la pédiatrie
et de la psychanalyse, c'est qu'elle parle aux enfants. Et il semble même que sa parole ait un effet bénéfique sur les enfants qui se calment.
Françoise Dolto considère en effet, l'enfant comme un "être de langage". On sait
aujourd'hui qu'un enfant baigne dans la langue bien avant la naissance et que dès son apparition, il va tout mettre en œuvre pour communiquer.
Son hypothèse est que si l'enfant est fabriqué dans le langage, alors il est apte à le
comprendre, sinon les mots, au moins les intonations et les intentions de la voix.
Elle encourage ainsi les parents à parles avec leur enfants et cela fonctionne chez les
nouveaux nés comme les plus grands.
Ce qu'elle dit aussi, c'est qu'il ne faut pas mentir aux enfants parce qu'ils ressentent les
mots, les émotions, les non-dits. Il sait voir quand la bouche ne dit pas la même chose que le corps. Et comme l'adulte est celui en qui il a confiance, l'enfant souffre. C'est ce que Françoise
Dolto appelle le "parler vrai". Sa conception va plus loin encore car elle pense que ce qui ne passe pas par le langage est privé de sens.
Là où certains de ses contemporains ont tendance à considérer le Bébé comme un être amorphe ne
faisant que dormir, manger, pleurer, F. Dolto découvre de son œil d'analyste qu'il est au contraire à l'affut du monde qui l'entoure, qu'il est "sujet de lui-même", qu'une parole ou qu'une
caresse calme parce qu'il comprend. Elle s'y intéresse pour ce qu'il est, c'est dire une personne avec des besoins, certes, mais aussi des désirs conscients et inconscients. Elle les sort
de leur statut social d'infans, étymologiquement celui qui n'a pas le droit à la parole pour écouter et entendre ce qui fait sens par le corps du bébé.
F. Dolto voit le développement de l'enfant comme une succession de "castrations
symboligènes". L'idée de F. Dolto est que chaque fois l'enfant doit se séparer d'un monde pour s'ouvrir à un nouveau monde
- castration ombilicale avec la naissance. Le bébé renonce à l'état fusionnel avec la mère et
gagne le monde aérien.
- castration orale avec le sevrage. L'allaitement ne satisfait pas seulement la faim, c'est
aussi un corps à corps car le bébé est un être de désirs. "Il faut castrer la langue du téton pour que l'enfant puisse parler"
- castration anale avec la marche et l'apprentissage de la propreté. Avec la marche, l'enfant
accepte de s'éloigner de sa mère pour découvrir l'espace. Cela se fera sans mal s'il n'a pas été bridé, s'il a acquis le contrôle musculaire suffisant et qu'on ne lui a pas appliqué des moments
pré-établis dans l'acquisition de la propreté.
Rappel : La marche arrive avant la propreté. On comprend mieux alors que si l'on insiste sur l'apprentissage de la propreté avant l'acquisition
de la marche, l'autonomie et la découverte ne se feront pas.
C'est à ce moment que les parents posent des interdits comme ne pas nuire à autrui et ne pas
tuer (nous sommes dans les fonctions symboliques). Si les parents posent les interdits de manière "sadique", c'est-à-dire oppressive, ils n'apprennent pas à "sublimer" ses pulsions, c'est-à-dire
à transformer celles-ci en désirs socialisés.
Le travail novateur de Françoise Dolto a été d'étendre, en la radicalisant, la compréhension de
l'humain, notamment en donnant toute son importance à ce qu'elle nommait "l'archaïque", c'est-à-dire l'écoute des singularités du développement de l'enfant. Elle élabore pour ce faire le concept
central de sa pensée : "L'image inconsciente du corps" et les "castrations symboligènes" dont nous venons de parler. Elle tente d'effectuer un travail grâce à ce que les enfants et les adultes en
thérapie lui ont permis de comprendre à travers leurs souffrances. Son génie à été de repousser les limites de l'intervention psychanalytique au premier jour de vie de l'enfant.
Ce qu'elle avançait il y a cinquante ans, et qui paraissait alors scandaleux et absurde, est
passé dans les mœurs. Son enseignement s'est diffusé auprès de tous les soignants et éducateurs de la petite enfance, notamment grâce au travail de pédagogie auquel elle se consacra
personnellement à la fin de sa vie. Elle a su rendre la psychanalyse vivante et accessible, cherchant à offrir aux parents la possibilité d'élaborer leur propre pratique dans le respect, l'écoute
et la confiance accordés aux enfants.
Les ouvrages consultables à la bibliothèque de Nucourt
F. DOLTO "Lorsque l'enfant paraît", tomes 1, 2 et 3, 1997, 1978 et 1979
Ces 3 tomes sont à feuilleter car ils traitent de tout un tas de questions de la vie de
nos enfants comme la véracité de l'existence du Père Noel, l'arrivée d'un frère ou d'une sœur, les caprices, les mensonges, …
A vous de piocher et de vous référer aux réponses que F. Dolto a pu faire aux parents qui lui
adressaient des lettres à la radio …
F. DOLTO et WINNICOTT
"Comment ne pas élever des enfants parfaits"
Par thématique
La famille :
- La relation mère-enfant
- La relation père-enfant
- Être parent, le couple parental
- La fratrie
L'éducation :
- Punir
- Se faire obéir
- L’autorité
Les risques d'un manque d'éducation :
- L’enfant roi
- L’enfant tyrannique
- L'enfant mal élevé
L'adolescence :
- Qu’est-ce qu'un ado
- Les violences
- L’absentéisme
- Les problèmes
Problématiques infantiles :
- La séparation
- L’enfant victime de violences à l'école
- La précocité
- L’hyperactivité (TDAH)
- La dyslexie…
Education et pédagogie :
- Les alternatives à l'éducation nationale
- Les parents, l'enfant, l'enseignant
- Motiver l'enfant
- Les devoirs…
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
... et bien d'autres encore...
|
|
|
|