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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 07:49

Ce dimanche j’arrivais au château de Théméricourt bien trop tôt pour goûter à l’hypocras et aux chansons des troubadours. L’étang était asséché et crevait la pelouse. Pas la moindre trace de chevaliers ni d’écuyers. Tant pis ! Je poussais jusqu’à Villarceaux.


2h30 sous le charme d’un guide, à flâner dans le parc, ses pièces d’eau, son vertugadin, à visiter son manoir, son château et rêver à la romance de Ninon de Lenclos et de Louis de la Mornay.

En fin de parcours, un portrait de madame de Maintenon me renvoyait à L’allée du roi de Françoise Chandernagor.

Elle a séjourné au château et aurait été la maîtresse de Monsieur de Villarceaux après la mort de son époux, du moins est-ce la thèse de Françoise Chandernagor. Il l’aurait poursuivi de ses ardeurs et acculé pour passer à l’acte à l’occasion justement d’un été à Villarceaux.

« Aucun des amusements dont on peut jouir à la campagne ne nous manquait : c’était, tous les jours, des ris et des jeux à travers le parc et la maison ; des colin-maillard, plus ou moins innocent, des chat-perché, des parties de boules, des « trou-madame », des jeux de volant ; le jour on chassait dans les bois, le soir on causait près du feu ; les hommes jouaient de la guitare et les filles de la prunelle ; avec tout cela, la chère bonne et ample, tant même que je me demandais comment ces pauvres Montchevreuil pouvaient fournir à pareilles dépenses […]. »

A l’occasion d’une promenade qu’ils font seul, Louis de Villarceaux provoque une opportunité :

« Sentant mon hésitation, il l’avait aussitôt mise à profit pour se découvrir davantage ; ayant posé sa main siur mon col, il badinait avec une boucle de mes cheveux. Encore une fois je pensai me jeter dans la fuite, mais une marée de fange nous cernait de tous côtés. La crainte du ridicule, ou la peur du scandale, en m’ôtant ma résolution, m’ôta ma dernière chance de salut […].Déjà, Louis de Villarceaux ôtait doucement mon mouchoir de col et posait sa tête sur mon sein. »……la suite page 160...

Ce roman biographique de Françoise Chandernagor retrace l’éblouissante ascension de Françoise d’Aubigné plus connue sous le nom de Madame de Maintenon.

Ce destin exceptionnel met en relief la place des favorites, des maîtresses royales. Ce sont des femmes d’influence, entourées d’un réseau grouillant de personnes qui veulent atteindre le roi. Ce sont des femmes de pouvoir, ambitieuses et puissantes. Parfois plus que les reines elles-mêmes qui sont réduites à concevoir un héritier royal, à tenir une place singulière dans le cérémoniel de la cours et à s’occuper d’activités caritatives. En compensation de leur rôle les favorites bénéficient puissant accélérateur social avec de nombreuses dotations.

Depuis qu’il a été déniaisé par une suivante de la reine, Louis XIV a connu une vie sentimentale et sexuelle particulièrement animée. Ses amours de jeunesse avec Marie Mancini, la nièce de Mazarin, sont contrariés par la raison d’état. On lui préfère marie Thérèse d’Autriche dont il se lassera vite.

A la mort de Mazarin, Louis XIV exerce seul le pouvoir et incarne l’absolutisme. 3 femmes vont successivement beaucoup compter : Louise de La Vallière, la marquise de Montespan et enfin Françoise d’Aubigné marquise de Maintenon ; et chacune pour des raisons bien différentes : le cœur, le sexe et la raison.

A la mort de sa mère, le roi a moins de scrupule à s’afficher  avec ses maîtresses et leurs rejetons. Après La Vallière vient Athénaïs de Montespan. Elle lui résiste près d’un an avant de céder à ses avances. Son mari arborera deux grandes cornes de cocu sur ses armes pour montrer qu’il n’est pas dupe. Ses scandales le mèneront jusqu’en prison. Ses 7 enfants sont confiés à Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, qui prendra peu à peu une place de choix dans l’affection du roi. Celui-ci en vieillissant a visiblement besoin de stabilité. L’affaire des poisons dans laquelle Madame de Montespan se trouve compromise marque le chant du cygne et la consécration de Madame de Maintenon.

Petite fille du célèbre Agrippa d’Aubigné, elle est vraiment de faible extraction. De son premier mariage avec Scarron, poète burlesque mais paralytique, elle conservera un talent pour la conversation et l’immersion dans un cercle intellectuel. De sa rencontre avec Ninon de l’enclos un savoir être de courtisane. En tout cas c’est sa patience, son écoute, sa douceur, sa conversation et sa dévotion qui séduisent le roi. Ils coulent ensemble des jours heureux à la cours jusqu’à la mort de la reine. Louis XIV prend alors une décision unique dans l’histoire de France  en la demandant en mariage. C’est un mariage d’amour, sans le titre de reine. Elle fait preuve d’une surprenante abnégation en s’occupant du roi vieillissant.

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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 07:37


Lorsque vous souhaitez vous tenir au courant de l’actualité culturelle : spectacles, danse, théâtre, art contemporain, littérature, expositions, patrimoine, architecture…adoptez le réflexe culture.fr, un portail riche et diversifié susceptibles d’éveiller des curiosités et de donner des idées de sorties.

C’est comme ça que je suis tombé sur le bicentenaire de Barbey d’Aurévilly, un vieux souvenir de Lagarde et Michard ou de Bac de français. En fait pas si vieux que ça puisqu’il y a 2 ans, en sillonnant le Cotentin, nous nous étions arrêtés à Saint Sauveur le Vicomte pour une visite du superbe château féodal au pied duquel le cimetière Montparnasse accueille la sépulture de l’auteur depuis 1926.

En rentrant à Nucourt je m’étais rendu à la bibliothèque où j’étais sûr d’avoir eu en main un volume de son œuvre. Mais rien ! Rien jusqu’il y a quelques jours…où je repars à l’assaut. Mais toujours rien dans les B ! Mais où est-il donc ce bouquin ? Emprunté ? J’ose à peine y croire. J’ouvre l’ordinateur : oui, on a bien « Les diaboliques » en rayon…mais classé en DAU, Ah ! Ah ! Ah ! Comme si Barbey pouvait être un prénom ! Je rêve ! Le principal c’est de l’avoir retrouvé, n’est-ce pas ? Maintenant vous savez où le trouver !

 

Jules Amédée Barbey d’Aurévilly (1808-1889)

Issu d’une famille normande du Cotentin, anoblie en 1756, il est élevé dans une famille évidemment nostalgique de l’Ancien Régime et de la chouannerie. Il mènera une existence extravagante et à rebondissements. On s’accorde généralement pour la découper en 5 actes :

1/ 1808-1837 : c’est l’âge de la formation intellectuelle et sociale, c’est aussi l’âge des ruptures avec la famille, l’aristocratie provinciale, les lieux de son enfance (St Sauveur le Vicomte, Valognes, Caen…) puis la montée à Paris. C’est surtout une période riche en découvertes littéraires.

2/ 1838-1846 : période d’affirmation de soi, c’est l’image du dandy qu’il faut retenir. Il navigue dans les salons, mondains, scandaleux, beau parleur et grand séducteur. Il ne passe pas inaperçu et impose son style.

3/ 1846-1862 : période de travail intense où il déploie ses talents de militant politique, de journaliste et critique littéraire et d’écrivain. Barbey d’Aurévilly s’engage dans sur différents fronts : l’intégrisme catholique et le soutien à l’autoritarisme de Louis Napoléon Bonaparte. Ces prises de position, violentes et fanatiques, transparaissent dans ses multiples contributions éditoriales. A côté de cela il exerce une activité de critique. Il brocarde ou encense les écrivains les plus célèbres ou tombés aujourd’hui dans l’anonymat. C’est en 1849 qu’il édite ses premières œuvres littéraires « La vieille maîtresse », « L’ensorcelée »…Les années 60 voit chez lui une transfiguration radicale. Barbey d’Aurévilly sort de la scène publique et se réfugie dans une superbe solitude. Peut-être a-t-il perdu ses illusions ?
4/ 1862-1874 : la littérature n’est plus désormais un moyen de réussite sociale et d’ambition mais un exercice de résignation. Fini l’excentrique, le séducteur, l’imprécateur, le tout puissant directeur de publication, l’éditorialiste politique…
5/ 1875-1889 : sa sortie du monde s’est traduite par un travail de recueil  de ses articles et de réédition de ses œuvres. C’est désormais un homme du passé, une vieille gloire, encore adulé par certains mais redouté de tous. Il est toujours très sollicité par les journaux et visité par la nouvelle garde.

 

Achevé en 1871 le recueil des diaboliques lui vaudra des poursuites judiciaires en 1874. Il obtiendra un non lieu mais avec retrait de l’ouvrage.
L’histoire que raconte ces 6 nouvelles a les mêmes caractéristiques que les romans qui précèdent : personnages puissants, passions entières, profonde liaison du crime, du plaisir et du secret, impunité du sacrilège, profanation et punition de l’innocence, présence mystérieuse mais certaine de Satan…


Le rideau cramoisi

Le narrateur voyage en diligence avec le vicomte de Brassard lorsque la voiture, en raison d'un léger accident, se trouve arrêtée sous les fenêtres d'une demeure provinciale, dans une petite ville de l'Ouest. Cette maison fut précisément le théâtre d'une tragique aventure de jeunesse pour le vicomte qui en entreprend le récit. Jeune officier de dix-sept ans, il logeait en ce lieu même, chez un couple de bourgeois. Leur fille, Alberte, vint une nuit le rejoindre dans sa chambre. Peu de temps après, au cours d'une de leurs étreintes voluptueuses, elle mourut mystérieusement dans les bras de son amant. Affolé, il prit la fuite et, aujourd'hui encore, il ignore ce qui advint ensuite. Soudain, Brassard et le narrateur aperçoivent une silhouette derrière le rideau cramoisi d'une fenêtre éclairée, et le vicomte croit reconnaître Alberte au moment où la voiture, enfin réparée, se remet en route.

 
Le plus bel amour de don juan

Lors d'une conversation mondaine, le narrateur relate une anecdote qui lui a été rapportée par le comte Ravila de Ravilès, nouvel avatar de Don Juan. Ce dernier, au cours d'un dîner récemment organisé par plusieurs de ses conquêtes parisiennes et aristocratiques, a été prié de raconter l'histoire de son plus bel amour. Il révèle que la fille de l'une de ses anciennes maîtresses, âgée de treize ans, s'accusa un jour auprès de son confesseur et de sa mère, en toute naïveté et toute bonne foi, d'être enceinte. D'après elle, cela lui était arrivé pour s'être une fois assise sur un fauteuil que Ravila venait de quitter. Tel est le plus beau souvenir amoureux de Don Juan.

 

Le bonheur dans le crime

Se trouvant au Jardin des Plantes en compagnie du docteur Torty, le narrateur est soudain fasciné par un fier et superbe couple de promeneurs; le docteur, qui connaît ces derniers, conte alors leur histoire. La belle Hauteclaire Stassin, professeur d'escrime dans une petite ville de province, disparut soudain mystérieusement. Appelé un jour au chevet de la comtesse de Savigny, le docteur découvrit que la fière Hauteclaire était devenue femme de chambre et partageait secrètement l'amour du comte, Serlon de Savigny. La comtesse mourut quelque temps plus tard, empoisonnée par le contenu d'une fiole que lui avait fait boire sa femme de chambre; certaine qu'il ne s'agissait pas d'un accident, Mme de Savigny agonisante, pour l'honneur de son nom, pria toutefois le docteur de garder ce crime secret. Après sa mort, Hauteclaire devint comtesse de Savigny et le couple file désormais le plus parfait et scandaleux amour.

 

Le Dessous de cartes d'une partie de whist.

Au cours d'une soirée mondaine, un "étincelant causeur" conte "un de ces drames cruels" dont il a été témoin durant sa jeunesse, dans une bourgade provinciale où la noblesse se passionnait pour le jeu de whist. Un jeune joueur anglais, Marmor de Karkoël, et la froide comtesse du Tremblay de Stasseville y entretenaient une liaison amoureuse qui demeura longtemps ignorée. La fille de la comtesse, Herminie, aimait Karkoël. Elle mourut bientôt et la narration suggère, sans en donner la certitude, qu'elle fut empoisonnée par sa mère et son amant. Après le départ de Karkoël et la mort de la comtesse, on découvrit le corps d'un nouveau-né qui avait été enterré dans une jardinière du salon de cette dernière.

 
A un diner d’Athée

Lors d'un dîner, le capitaine Mesnilgrand est prié par un ami qui l'a surpris entrant dans une église d'expliquer sa présence pour le moins étrange en un tel lieu. Il raconte alors que, jeune officier de l'Empire, il eut, comme bien d'autres, une aventure galante avec la belle Rosalba, la femme du major Ydow. Caché dans un placard, il fut un jour témoin d'une dispute du couple dont la violence tourna à l'horreur: après que Rosalba eut crié au major que l'enfant mort dont ils conservaient le cœur n'était pas de lui, ils se frappèrent mutuellement avec cette pieuse relique. Le major, avisant de la cire bouillante sur une table à écrire, cacheta finalement le  sexe de sa femme. C'est le cœur de l'enfant, le sien peut-être, que Mesnilgrand était récemment allé confier à un prêtre.

 
Une vengeance de femme

Une prostituée que Robert de Tressignies a suivie chez elle lui raconte son histoire. Duchesse d'Arcos de Sierra Leone, elle est la femme d'un Grand d'Espagne qui a, sous ses yeux, fait assassiner son platonique amant et donné son coeur à dévorer à des chiens. Souiller l'honneur du duc, plus précieux pour lui que la vie, est l'horrible et subtile vengeance que sa femme a trouvée: celui-ci apprendra un jour, et toute l'Espagne avec lui, la mort honteuse de la duchesse à l'hôpital. Un an plus tard, dans un salon, c'est effectivement ce qui est révélé à l'ambassadeur d'Espagne en présence de Tressignies: l'œuvre de la duchesse est accomplie.

 Résumés extraits d’un site sur la littérature.

Les manifestations en cours sur le bicentenaire  (1)  - (2)

Si pour une raison que j’ignore vous ne fréquentez pas la bibliothèque, retrouvez des extraits de textes sur (1)  (2)  (3)  (4)

Les lieux décrits par Barbey d’Aurévilly (1)  (2)

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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 07:13

Souvenez-vous, c’était en mars dernier, une 20aine de jeunes dépouillaient les vieux papiers de la bibliothèque pour créer des épouvantails. Leurs créations avaient été exposées au musée de la moisson de Sagy sans être primées. Les revoici qui trônent  désormais en façade du bûcher élevé pour les Feux de la St Jean.

Cette année nous avons fait coïncider les Feux de la st Jean et la Fête de la musique ; une bonne occasion de créer un formidable évènement et de passer la main aux plus jeunes.

La dream team : manutention, régie son, animation de soirée

Et dans l’ordre d’apparition sur scène : Sil’ab

Kevin à la bass sur une musique rock et métal

Jalouse !

Guillaume et Victor aux djembés

Victor à l’accordéon nous fait découvrir des airs guillerets

Les filles du badminton improvisent une ronde

Pendant ce temps ça joue sur le terrain de foot

Guillaume reprend la main au rythme de la biguine

Les jeunes proposent un limbo

Ca passe dessus

A quatre pattes

Bras dessus, bras dessous

A la tombée de la nuit, on enflamme le bûcher devant une foule hypnotisée

Il a un petit air de bûcher cathare !

A moins qu’il ne s’agisse de Fahrenheit 451, la température à laquelle le papier commence à brûler. Mais si, souvenez-vous, Ray Bradbury !

La soirée se poursuit au son de la sono

Soirée club

Soirée disco

Merci à tous, c’était une belle soirée !

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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 12:32

Incroyable ! Alors même qu’on fêtera en novembre prochain le centenaire de Claude Lévi-Strauss, on diffusait dans tous les média les photos volées d’une tribu amazonienne préservée dans son écrin de forêt vierge.


L’ONG Survival International estime qu’il existe au total une centaine de tribus isolées dans le monde dont une cinquantaine sur le seul territoire brésilien. Cette vraie fausse découverte – elle l’est en tout cas pour le grand public ! -ne manquera pas d’attiser le débat sur le choc des civilisations. Doit-on préserver ces tribus au sein d’une sorte de réserve ou de sanctuaire ? Doit aller à leur rencontre et comment engager la relation ?

Voilà une bonne occasion de ressortir quelques ouvrages de Lévi-Strauss, le père du structuralisme  qui faisait encore début mai la une du Nouvel Observateur à l’occasion de la réédition des ses œuvres dans la collection de La Pléiade.

Claude Lévi-Strauss est né en 1908. Petit fils de rabbin versaillais, il expérimente l’antisémitisme des années 30. Agrégé de philosophie, il part en 1935 au Brésil. A son retour, il ne prend pas tout de suite la mesure du danger hitlérien. En 1940 il défend même sa candidature  à un poste au lycée Henri IV. Finalement il s’embarque pour New York où on lui confie des cours de sociologie contemporaine de l’Amérique du Sud, dont il ignore presque tout. C’est à cette époque qu’il s’atèle à la rédaction des « Structures élémentaires de la parenté ». C’est à cette même époque qu’il côtoie les surréalistes comme Breton, Ernst ou Duchamp. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre le linguiste Roman Jakobson et découvre le structuralisme.

« Le structuralisme, pour dire les choses simplement, est avant tout une façon de ne pas se laisser duper par le sentiment de l’identité personnelle. A rebours de l’existentialisme sartrien, Lévi-Strauss entre en guerre contre le « sujet », « cet insupportable enfant gâté qui a trop longtemps occupé la scène philosophique, et empêché tout travail sérieux en réclamant une attention exclusive ». Ainsi se place-t-il résolument du côté de la « rationalité sans sujet » contre les tenants du « sujet sans rationalité ». Du marxisme, sa pensée hérite l’idée que toute conscience sociale est trompeuse et que l’existence pratique des hommes conditionne leurs productions psychiques. Du freudisme, celle que même les expressions en apparence les plus arbitraires voire absurdes de l’esprit peuvent être déchiffrées. Ainsi Lévi-Strauss se lance-t-il dans un inlassable décryptage des invariants et tracés obligatoires qui se dissimulent derrière l’apparente infinité des mythes et autres faits culturels » (Aude Lancelin – Le Nouvel observateur)

Qu’est-ce qu’on peut retenir de son œuvre ? Elle a donné lieu à de nombreuses critiques, de nombreuses controverses ; une fois épuisées il n’en reste pas moins une pensée originale qui a bousculé les idées reçues. Ainsi avancent les sciences ! Claude Lévi-Strauss fait débat mais reste une figure tutélaire de l’ethnologie !

Pour le commun des mortels son œuvre reste particulièrement dense et mérite qu’on manipule déjà pas mal de concepts pour y naviguer à l’aise. « Triste tropique » et « Race et histoire » sont par contre accessibles et éclairant.


Tristes Tropiques paraît en 1955 dans la collection « Terre humaine » crée par l’ethnologue Jean Malaury pour sensibiliser le grand public à la démarche anthropologique. C’est un gros succès de librairie.

C’est un livre inattendu, un récit de voyage et de réflexions, une véritable œuvre littéraire qui tranche résolument avec le ton universitaire auquel on pouvait s’attendre. Lévi-Strauss hésite longtemps à publier ce récit. Il a d’abord l’intention de lui donner la forme d’un roman. Mais c’est finalement sous la forme d’une méditation philosophique qu’il paraît.

L’introduction surprend : « Je hais les voyages et les explorateurs ». Elle est restée célèbre. Le récit est un chassé croisé entre ses souvenirs propres : la montée du nazisme, son exode vers new York, son arrivée en Martinique, son passage à Porto Rico…et son regard d’ethnologue : dès 1935 il a entrepris d’étudier le folklore populaire des banlieues de São Paulo, puis viennent les explorations en forêt amazonienne, ses rencontres avec les indiens Caduveo, Bororo et Nambikwara qu’il décrit avec force détails. Au fil des pages c’est sa vision de l’humanité qu’il partage. Une vision désabusée d’une civilisation occidentale arrogante qui ne provoque que des violences, qui dévaste l’environnement et conduit les sociétés dites « primitive » à leur extinction. La conclusion de son récit de voyage n’est pas moins culpabilisante. Voyager dit-il consiste à se confronter à « notre ordure lancée au visage du monde ».


Autre ouvrage magistrale, particulièrement accessible et dont la lecture bouscule les préjugés : « Race et histoire » ou comment en finir avec le racisme ! Il ne faut surtout pas hésiter à le relire. La lutte contre le racisme, et les discriminations en général est un combat sans fin.

A 2 reprises, à la demande de l’Unesco, d’abord dans « Race et histoire » (1952) puis dans « Race et culture » (1971), Claude Lévi-Strauss s’est penché sur la question du racisme. Grosso modo la biologie montre que nous descendons d’ancêtres communs et que les divergences génétiques sont infimes au regard du patrimoine qui nous lie les uns aux autres. L’ethnologie montre que l’humanité ne se développe pas de façon uniforme mais sous la forme de sociétés et de civilisations diversifiées ; qu’il n’y a pas de corrélation entre la race et les productions intellectuelle, esthétique et sociologique ; qu’il n’y a pas de critères objectifs qui attestent de la supériorité d’une race ou d’une civilisation sur une autre ; que chaque société produit même ses propres groupes de pressions dont les rivalités instaurent des relations de préjugés et de discrimination. Elle montre par contre que l’échange entre civilisations apporte des bénéfices en terme de cumul d’expériences tandis que l’isolement provoque un certain immobilisme. L’évolution des échanges nous conduit à une civilisation mondiale. Mais pas d’angélisme la fraternité n’est qu’une généreuse illusion.

Vous excuserez les à peu prêts, Claude Lévi-Strauss mérite mieux que ses quelques lignes. Sa pensée est dense, structurée, elle invite à une élaboration, une réflexion personnelle. Les deux ouvrages sont à la fois plaisants et utiles pour penser le monde ! A vous de lire…


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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 16:06

Jeudi 19 juin 2008 au centre culturel de l’imprévu à st Ouen l’aumône le groupe Orange Street nous proposa un spectacle retraçant l’histoire de la musique jamaïcaine des années 40 à aujourd’hui (Odyssée Jamaïque).

Une initiative visant à expliquer les origines des différents genres musicaux jamaïcains et les  transformations qu’ils ont subit à travers le temps.

C’est ainsi que les spectateurs ont pu découvrir entre autre des rythmes comme le nyabinghi et le mento, le ska et le rocksteady ou encore le early reaggae et la dancehall

Durant deux heures les musiciens comédiens ont proposé un voyage pédagogique  combinant musique live, scénettes et projections vidéo ; le tout dans un brillant mélange plongeant le spectateur à chaque étape dans le contexte politique et  social, parfois technologique de l’époque.

Le public, composé en grande partie de scolaire et de nombreux bibliothécaires du réseau départemental, s’est enflammé à mesure des années et à littéralement explosé sur la dernière tranche de 90 à nos jours, celle qui correspond à la vague dancehall. La salle comble ne pu résister à la tentation et se leva pour danser, crier et applaudir les artistes sur les derniers morceaux.     

Les curieux désireux d’élargir leurs connaissances sur la musique jamaïcaine ont pu assister à une exposition et  un débat animé par les membres du groupe à l’issue du spectacle.

Pour tous ceux qui ne l’ont pas encore vu, c’est Le Spectacle à ne pas rater !


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