Encore une « écrivaine » à l’honneur ! Trois ans après sa disparition, Françoise Sagan est de
retour sur al scène médiatique avec la parution d’une biographie de Marie-dominique Lelièvre intitulée « Sagan à toute allure » et la prochaine diffusion sur France 2 de « Un
charmant petit monstre » de Diane Kurys.
Françoise Sagan est née en 1935 dans le Lot. Son éducation est confiée à la gouvernante de la famille. C’est
une enfant que certains caractérisent de pourrie-gâtée, capricieuse, garçon manqué, meneuse de bande…qui à 9 ans tape à la machine à écrire et conduit la voiture de son père ! Très tôt elle
s’invente un univers romanesque et se lance dans la rédaction de contes de fée et d’un roman de chevalerie. Fillette imaginative, elle resta dit-on hantée toute sa vie par la découverte des camps
de la mort au travers d’un film d’actualité au cinéma
Dès qu’elle se lance dans l’écriture, elle adopte le pseudonyme de nom de Sagan emprunté aux personnages de
Proust dans « A la recherche du temps perdu ». En 1954, elle signe avec Julliard pour l’édition de « Bonjour tristesse ». Le succès est immédiat, énorme. L’éditeur voit en
elle un nouveau Raymond Radiguet. François Mauriac évoque la « férocité lucide » de la « terrible petite fille » dont le talent littéraire « n’est pas discutable ».
Mais le Vatican met l’ouvrage à l’index.
Premier grand écrivain people si l’on peut dire, Sagan lance la mode de Saint Tropez et marque durablement les
esprits au volant de ses bolides : Jaguar, Mercedès, Gordini, Ferrari et Aston Martin. Elle conduit mieux qu’elle en fait la cuisine commente-t-on. Elle paiera cher ses frasques avec son
terrible accident de 1957. C’est une véritable rescapée.
Du coup, on confond souvent, à l’époque l’auteur et son personnage de Cécile dans « Bonjour
Tristesse », qui pousse la maîtresse de son père au suicide. La confusion est encore entretenue avec « Un certain sourire » en 1955. Il faudra attendre « Aimez-vous
Brahms » pour que le public perçoive bien la distance entre la romancière et son œuvre et qu’elle acquière un vrai statut d’écrivain.
La vitesse n’est pas sa seule addiction : l’alcool, la drogue et le jeu complète le portrait de
l’écrivain. Elle vit d’excès et de travail. Elle est particulièrement productive. Elle écrit pour la presse, le cinéma, le théâtre. A ce rythme
effréné, elle consume ses propres forces et accumule les galères. A 40 ans elle était déjà fatiguée, ne supportait plus de sortir et préférait vivre dans la simplicité.
Amour et sexualité sont menés tambour battant. Elle est ambivalente et ne cache pas ses goûts pour les femmes.
C’est une grande séductrice selon son entourage. Elle se marie finalement sur un coup de tête avec l’éditeur Guy Schoeller puis embraye avec Bob Westhoff dont elle aura un enfant. Etonnement
irresponsable pour elle même, elle s’avère une mère particulièrement attentive.
Laure Adler qui fait connaissance avec elle en 1991 commente: « Aux yeux des filles de ma génération,
c’était l’icône de la liberté sexuelle, de la rapidité d’écrire (avec grâce), elle conduisait à tombeau ouvert, aimait le sable chaud et les beaux mecs. Mais dans la réalité, elle n’avait pas ce
côté solaire qu’on a tant décrit. Elle n’était pas sûre d’elle – et ce n’était pas de fausse modestie, elle ne composait pas. Elle était dans la déchirure de l’être. »
Elle poursuit ainsi sur le travail d’écrivain : « J’ai travaillé avec Sagan sur son roman La laisse.
Elle était très demandeuse, aimait être lue, discutée, corrigée. Pour elle, les critiques étaient nécessaires, vitales. La forme littéraire n’était pas le fruit du deuxième ou du troisième jet
mais ce work in progress, ce chantier en construction. Elle réécrivait beaucoup, redemandait des relectures et corrigeait encore au moment où le texte partait à l’impression. On avait une
impression de grande incertitude, d’humilité. En fait, c’était une petite fille perdue. »
D’un roman à l’autre (La chamade, 1965 ; Un peu de soleil dans l’eau froide, 1969 ; Le lit défait,
1977 ; La femme fardée, 1981 ; De guerre lasse, 1985 ; Chagrin de passage, 1994), l’auteur reste fidèle à son petit monde : on est riche, on s’ennuie avec élégance, on aime
comme on peut, on boit sec, on court les boîtes de nuit et on conduit des voiture de sport, mais dans les deux derniers romans cités apparaît aussi le thème de la mort.
Les années Mitterrand seront son chant du cygne.
Elle court après l’argent qui lui glisse entre les doigts. Elle suit le chef d’état dans ses déplacements. On lui propose
même d’intervenir en sous main pour favoriser des accords commerciaux…Elle est poursuivie pour fraude par l’administration fiscale. Elle est acculée par les dettes, traficote, revend les cadeaux
qu’on lui fait, revend plusieurs fois les même textes…Et pourtant son œuvre dégagera longtemps des sommes colossales. A la fin de sa vie, la star déchue, ruinée, est hébergée par une amie, sans
pouvoir même s’acheter ses cigarettes. A sa mort en septembre 2004, Françoise Sagan laisse 600 000 euros de dettes fiscales et nombre de livres sont depuis introuvables.
Dominique, étudiante à la Sorbonne, coule des jours heureux et insouciants auprès de son jeune amant Bertrand.
La vie s’étend devant elle, sans réelle passion, sans souci et sans souffrance non plus, juste teintée d’une poussière d’ennui qui finalement n’est pas pour lui déplaire. Et puis Dominique
rencontre Luc, l’oncle de Bertrand. Il forme avec sa femme Françoise un couple merveilleux, attachant et accueillant. Françoise prend Dominique sous son aile mais l’attitude de Luc est tout de
suite plus ambiguë. Homme volage et séducteur, il ne fait qu’une bouchée de la jeune-fille…
La Chamade est un roman écrit par
Françoise Sagan en 1965. Il a été adapté au cinéma en 1968. Fidèle à ses thèmes fétiches de l'oisiveté, la jeunesse dorée, l'argent facile et les voitures, Françoise Sagan nous livre aussi
en quelque sorte une vue assez acerbe sur le milieu mondain, ses futilités, mais aussi une vraie histoire, le décryptage des sentiments contradictoires, et une analyse de ce que peut être la
complicité entre deux amants. Lucile est jeune, aime vivre d'oisiveté grâce à l'argent de son amant Charles, qu'elle accompagne à loisir au théâtre, dans les cabarets, les diners mondains du
Paris des années 60. Antoine, rencontré dans une soirée incarnera pour elle la beauté physique, l'amour fulgurant, la normalité aussi, d'un travail et de soucis matériels.
Un paquebot étincelant, la plus grande diva de l'époque, un pianiste au zénith de sa gloire, un confort sans
égal, des dîners au champagne et des escales de rêve, Capri, Syracuse, Carthage, Palma....C'est la célèbre croisière musicale du Narcissus, qui promène tous les ans autour de la Méditerranée une
petite cohorte de privilégiés. Il y a notamment les Edma Bautet-Lebrêche, Simon Béjard, un producteur de cinéma, accompagné d'une starlette, Clarisse, cette "femme fardée", une alcoolique que
martyrise son mari, directeur d'un journal de gauche, Julien Peyra, le commissaire-priseur, tricheur et faussaire à ses heures. Peu à peu, le calme se brouille, les masques
tombent....
Charles Sambrat n’aimait pas la guerre. En mai 1942, il se contente de diriger
tranquillement son usine dans le Dauphiné et de meubler ses loisirs d’aventures faciles. Jérôme, son ami d’enfance, idéaliste et grave, son contraire, lutte contre les nazis, organise des
filières d’évasion. Son arrivée à l’improviste, en compagnie de sa maîtresse Alice, belle et dévorée d’angoisse, va jeter Charles dans une autre vie. Il lui faudra conquérir Alice qui a provoqué
chez lui un amour total, la protéger lorsqu’elle devra prendre les plus grands risques dans le réseau que dirige Jérôme et l’arracher à la jalousie et à la fureur de son ami. C’est dans tragédie
de la guerre une comédie à trois personnages – trois portraits inoubliables – où Françoise Sagan met à l’amour un A majuscule tout en sachant que le petit « h » de l’histoire détermine
tout.
Juin 1940. Quatre mondains, deux hommes et deux femmes, fuient Paris dans leur luxueuse voiture et se
retrouvent sur la route de l’exode. Par malheur, leur convoi est mitraillé par des avions allemands et leur chauffeur est tué. Livrés à eux-mêmes en pleine campagne (un monde qui leur est
totalement inconnu !), ils sont alors recueillis dans une ferme par une famille de paysans.
A partir de ce moment, le roman prend véritablement son essor. La rencontre entre ces deux mondes que tout
sépare (la bourgeoisie parisienne qui fait de l’oisiveté un credo et les paysans rudes et besogneux) donne en effet lieu à une succession de scènes hilarantes. Quiproquos et situations
incongrues alternent sans répit. Les dames de la bourgeoisie sont amenées à manier la fourche, faire la vaisselle et nourrir les oies, tandis que les hommes, adeptes d’ordinaire des
cocktails mondains, apprennent à utiliser le tracteur pour faire les moissons.
Par curiosité : quelques interview et son thème
astral