Ce soir, Arte nous emmenait sur les traces de Savonarol puis des cathares. Voilà un sujet
qui me renvoie quelques années plus tôt sur les bancs de la Fac. A l’époque je suivais les cours d’André Vauchez et je me livrais à la lecture de sa passionnante « Spiritualité au Moyen
Age ». Ca remonte dit donc !
Mars 1244, les Pyrénées ariégeoises sont le théâtre du supplice des Cathares réfugiés à Montségur. 225 hérétiques dit-on, hommes et femmes, sont livrés aux flammes. Le bûcher de Montségur marquera durablement l’imagerie de l’histoire de France.
Le catharisme est un courant religieux. Il prend sa source vers 950 dans les Balkan, en Macédoine. Il s’est répandu en Italie puis Occitanie, ainsi que dans le nord de l’Europe où il a été par contre assez rapidement réprimé. Par facilité on l’associe au manichéisme. En en réalité les cathares sont bel et bien de chrétiens. Ils se réfèrent à la Vulgate mais en font une exégèse tout à fait particulière. Leur lecture s’inspire néanmoins du dualisme plus connu sous le terme de bogomilisme.
Le catharisme est fondé sur une opposition entre le monde spirituel parfait et la création
dans laquelle l’homme est enfermé et qui a été créé par un dieu mauvais. La vie des croyants est marqué par le Consolament – sorte de baptême – et par une règle de vie sévère : frugalité,
chasteté, non violence.
Il existe une Eglise structurée : des évêques, des diacres, les « parfaits » et les croyants. Les « parfaits » font un vrai travail de prédication, une prédication simple, directe et dans une langue comprise par tous. Leur quotidien ? Une voie communautaire, une vie spirituelle, une vie itinérante sur le modèle des apôtres. Dans cette hiérarchie, hommes et femmes jouent un rôle identique même si dans les faits elles n’ont pas de palce prépondérante.
A cette époque, l’ordre a souvent été bousculé par des phénomènes contestataires et sectaires. Le catharisme appartient à cette mouvance. Toutes les classes sociales sont touchées et chacune pour des raisons différentes. Les paysans font souvent référence aux dépravations du clergé. Les élites urbaines y sont sensibles parce que le catharisme ne condamne pas l’enrichissement. Le comte de Toulouse Raymond VI est par ailleurs assez tolérant à leur égard. C’est un personnage puissant, plus que le roi de France peut-être.
Par contre le Saint Siège durcit sa position via à vis d’eux. Il faut confisquer les biens des hérétiques et de ceux qui les protègent.
Bernard de Clairvaux est l’un des premiers à combattre l’hérésie. Puis vient le tour de Saint Dominique qui tente de débattre sur la place publique et de reconvertir ces hommes et femmes.
Mais la réponse institutionnelle du Pape Innocent III, c’est la croisade. Innocent II est un homme ambitieux qui souhaite marquer son époque. La croisade devient une formidable opportunité d’y parvenir. Il s’agit non plus de poursuivre les infidèles à l’extérieur mais à l’intérieur et ceci contre la rémission des pêchés et la remise d’indulgences. Dès 1198 Innocent III prêche pour la croisade mais le droit canon se heurte au droit féodal. Le pape peut-il spolier ainsi un seigneur et redistribuer ainsi ses possessions ? Philippe Auguste, roi de France, s’en lave les mains et laisse faire ses vassaux. En tête de ceux-ci Simon de Montfort, brutal, ambitieux et fin stratège que les richesses de l’Occitanie met en appétit.
A partir de 1209, catholiques et cathares vont souffrir des exactions militaires. Passons sur les détails militaires. Le tout est de savoir qu’à la mort de Simon de Montfort, la guerre change de visage. Amaury de Montfort n’a pas l’étoffe de son père et cède son héritage au roi de France. Voilà un bon moyen d’agréger la province au royaume de France. En 1226, Louis VIII prend la tête de la seconde croisade.
Après 20 ans de guerre le Pape reconnait qu’il n’a pas obtenu le succès escompté. En 1233 il confie l’inquisition aux Dominicains. Il s’agit d’une institution policière et judiciaire qui mettra tout de même près d’un siècle à venir à bout des résistances et de la clandestinité des cathares. Etonnamment Dominicains, Franciscains et Cathares ont des idéologies assez proches. L’inquisition fonctionne comme un confessionnal et un tribunal itinérant. Ses pratiques lui valent des inimitiés et des violences. Elle laissera de nombreux documents qui nous renseignent sur l’époque. Ils incitent à la délation et éditent des registres nominatifs.
Le bûcher de Montségur marque la fin du catharisme. Quelques communautés se perpétuent en Lombardie et ailleurs, quelques personnages attisent encore les passions mais c’est le chant du cygne…
Quelques pistes sur le web :
"Sectes" et "hérésies", de l'Antiquité à nos jours
Les mouvements dissidents au 17ème et 18ème en occident